L’histoire des salles d’arcade – Partie 3

 

Le déclin

Certaines activités disparaissent, soit parce qu'elles deviennent obsolètes, soit par désintérêt, parce que le contexte économique n'est plus favorable, ou par simple volonté d'un état ou du corps de métier. Il n'y a pas de raison particulière qui a poussé l'arcade à fermer boutique, mais plutôt un ensemble.

Plusieurs facteurs expliquent le déclin de cette activité si particulière. En fait, il ne s'agit pas vraiment de déclin, les jeux automatiques comme on les appelle dans le jargon français, existent toujours, mais les jeux vidéo ont pratiquement disparu. Quelles sont les raisons de cette disparition pour un loisir qui n'a finalement que 40 années de vie ?

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40 ans dévolution : du bipbip lancinant de Pong aux attractifs jeux musicaux

Tout d'abord : la réputation que ce sont faites les salles d'arcade. Au début fortement plébiscitées par les férus de technologie elles sont vite prises d'assaut par un public parfois peu scrupuleux. Le plus souvent, les jeux étaient installés dans les cafés, ou dans des salles dédiées. Et même s'il s'agissait de jeux vidéo, certains n'hésitaient pas à racketter les plus jeunes ou les petits nouveaux afin d'avoir de quoi jouer. Le problème ici, c'est qu'il ne s'agit pas de jeux d'argent, mais juste de jeux vidéo et une première mauvaise expérience ne vous donnait pas vraiment envie d'y revenir. De plus, si le début des jeux d'arcade faisait la part belle aux jeux "spatiaux", l'avènement du mode 2 joueurs avec ses jeux de combat n'a pas aidé à calmer tout ça. Mettre des coups de poing virtuel tout en ayant un public de groupie, en a motivé certains pour devenir les caïds de la salle de jeux du coin. Au final le caïd s'est retrouvé seul devant une porte fermée définitivement.

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Ils ne faisaient pas que du rock, ils jouaient aussi aux jeux vidéo 😉

Une autre raison, plus terre à terre celle-ci : la taxe sur les jeux automatiques. C'est très simple, sur une ville de 50.000 habitants ou plus la taxe s'élevait à 96 € par an et par appareil. Ce forfait pouvant être majoré d'un coefficient allant jusqu'à 4 selon les désirs de la commune. Autant dire que chaque jeu devait être sacrément bien rentabilisé pour payer cette taxe. Quoi qu'il arrive elle devait être réglée chaque année, que le jeu soit populaire ou non, qu'il rapporte ou pas le prix était le même par jeu. A Laval cette taxe a fini à près de 200 € par an et par jeu avant la révision de la loi. Nous sommes passés de 3 salles présentes à… Plus aucune. En 2006, Jean-François Coppé décide de réviser cette loi en proposant un tarif fixe par jeu et par an de 5 €. Une bonne initiative qui malheureusement ne sauvera pas le navire du naufrage. Alors pourquoi ?

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Le prix des bornes d'arcade et leur sophistication : afin d'attirer le chaland les jeux d'arcade sont devenus de plus en plus spécifiques, tapis de danse, borne avec volant ou pédale, jeux multi-joueurs jusqu'à 8, commande en forme de moto pour les sports motorisés a deux roues, guitares et batteries virtuelles pour les jeux musicaux... De nombreux accessoires qui ont remplacé le fameux Joystick et les boutons qui l'accompagnaient. Mais tout cela a un prix et un encombrement qui se répercute sur le nombre de petites pièces que le joueur devra mettre dans le monnayeur pour obtenir un crédit, pour parfois pas même une minute de jeu.

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Une borne de Daytona USA a 8 joueurs simultanément. Le pied... mais aussi le prix.

L'importation. De nombreux jeux d'arcade ont été localisés et certains constructeurs interdisent leur utilisation autre que dans leur pays d'origine. Ainsi, le Japon qui regorge de nouveautés en ce qui concerne l'arcade ne donne pas toujours les facilités nécessaires à l'exportation de leur produit. Associé à cela un prix vraiment prohibitif du jeu lui même, seuls quelques Game Centers (bâtiment dédiés aux jeux d'arcade) ou parcs d'attractions peuvent se payer se genre de matériel.

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Ahh ces japonais, il aiment bien garder le meilleur pour eux !

Ce déclin est-il juste un trou d'air passager ou amorce t'il la mort de ce loisir ? Il est peut-être encore trop tôt pour le savoir. De nombreuses associations tentent aujourd'hui de sauvegarder les restes de cette époque. A Rennes, à Marseille, à Lyon chacune proposera sa façon de découvrir ou redécouvrir ce loisir. A Rennes par exemple, il est organisé une manifestation appelée le Stunfest où de nombreux joueurs viennent de toute la France pour découvrir le jeu d'arcade. Dans le sud de la France, des particuliers utilisent leur garage pour recréer des salles associatives ou les joueurs payent un forfait à la journée (entre 10 et 15 €). Mais la plus grande difficulté est la recherche et la sauvegarde de ces jeux d'arcade. Malgré ce déclin, il est encore très difficile d'arriver à se procurer une borne de jeu, soit parce que d'autres sont déjà venus ou simplement parce que cela reste encore trop onéreux. Mais le monde du jeu d'arcade en France est relativement fermé et il ne suffit pas de venir avec une liasse pour tenter d'arracher une borne de jeu.

C'est un monde hybride fait de collectionneurs et de personnes pensant que ce loisir va un jour repartir et gardant précieusement leurs anciens jeux. Le marché de l'occasion n'a jamais été aussi fort, car les particuliers sont en concurrence avec les exploitants de pays émergents désireux d'avoir des jeux à moindre prix.

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Une Arcade à Pyongyang en Corée du Nord
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Les jeux et les bornes sont d'un autre âge, sans doute la seule salle authentiquement oldschool au monde...
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...Ah bah non en fait, des jeux se refont aussi une seconde vie sur la très reculée Île de Pâques

En tout cas, il semblerait qu'en France les salles d'arcade soient destinées à disparaître définitivement. Réléguées aux fêtes foraines et aux stations balnéaires, des bornes ayant plus de 15 ans, et aussi de 15ème main, tournent encore pour le plaisir de certains touristes. Entre un cornet de frites et une glace à l'italienne on aura vaguement le temps d'aller mettre une pièce dans un jeu de course dont l'écran fatigué affiche des couleurs fluo et dont le volant usé ne répond plus très bien. Qu'à cela ne tienne, la musique grisante du jeu porte le joueur sur la piste de course. Mais à peine une minute passée, l'implacable chrono indique déjà zéro et la partie est terminée. On se lève, on s'en va, mais qu'est-ce qu'il y aurait eu si l'on avait terminé cette course ? C'était quoi le nom du jeu ? Peu importe, ce n'est que du jeu vidéo.

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