L’histoire des salles d’arcade – Partie 3

 

L’émulation

Voici un monde bien étrange que celui de l’émulation dans l’informatique et l’électronique, plus particulièrement celle des jeux vidéo. Depuis 1971 date officielle du premier jeu d’arcade reconnu, Galaxy Game, il y a eu d’innombrables jeux sur presque autant de systèmes différents. Chacun ayant sa propre spécificité, ses dérivés et même ses copies. Une nébuleuse inaccessible pour le joueur lambda. Aujourd’hui, il n’existe pas de chiffres officiels quantifiant le nombre de jeux d’arcade depuis la création de ce loisir. En revanche il existe des « fous », des personnes pratiquant l’ingénierie inverse comme si elles respiraient. Leur rôle ? Sauvegarder un patrimoine de 40 années de jeux vidéo.

En quoi consiste l’émulation ? C’est très simple, à l’origine émuler et faire des émules signifie donner l’envie aux autres de reproduire une action ou un comportement. Une star de cinéma par exemple fera des émules parmi ses fans, il ne s’agit pas là de groupies, mais bien de calquer la technique de l’acteur.En informatique c’est la même chose, l’émulation consiste à copier le fonctionnement spécifique d’une machine sur une autre ayant un fonctionnement totalement différent. Par exemple faire fonctionner un Mac de chez Apple sur un PC. Ou, pour ce qui nous intéresse, faire fonctionner un jeu d’arcade sur votre ordinateur. Le sujet est vaste, complexe et très intéressant, mais ne peut être traité en totalité ici. Toutefois, en saisir l’esprit suffit à comprendre le sens même de l’émulation informatique.

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Le très célèbre émulateur Arcade « Mame » émule plus 4000 jeux et en répertorie 8000 avec les Bootleg

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de MAME, MESS, Kawaks, Neorage Bleem, UltraHLE, Genecyst, FCE Ultra ou Nesticle… tous sont des émulateurs et cette liste ne représente même pas 1% de ce qui existe vraiment. L’émulation en informatique existe depuis très longtemps, ne serait-ce que pour faire la transition entre d’ancien et de nouveaux systèmes. Mais le milieu des années 90 a vu l’émergence d’un nouveau type d’émulation : celle des jeux vidéo de tout poil. Que ce soient les consoles ou les jeux d’arcade tous y passent un jour ou l’autre. Le but ? Sauvegarder le patrimoine vidéo ludique par ce biais, et permettre la découverte de l’histoire du jeu vidéo aux plus jeunes. Le problème est que cette pratique n’est pas toujours bien vue auprès des constructeurs et l’on nage dans le flou le plus total. Certains éditeurs la tolèrent, d’autre l’encouragent et enfin il y a ceux qui la condamnent. Pourtant, cette discipline requiert de nombreuses compétences qui vont bien au delà de la simple ingénierie. La principale qualité est l’empathie, c’est à dire se mettre à la place du concepteur d’origine pour connaître la façon dont il a pensé son système. Les personnes qui s’occupent de développer ces émulateurs le font pour diverses raisons. Cela peut être un projet universitaire, ou d’anciens développeurs connaissant les systèmes sur le bout des doigts, ou tout simplement et en majorité des passionnés très curieux. Ainsi y a plusieurs « castes » dans le monde de l’émulation. Vous avez ceux qui pratiquent l’ingénierie inverse afin de savoir comment fonctionne les puces électroniques qui composent une carte d’arcade. D’autres, s’occupent de « dumper » (to dump en anglais), c’est à dire extraire le programme des puces pour le mettre sous forme de fichiers. Et puis il y a les codeurs ceux qui vont transcrire le langage du système de base vers la machine qui l’émulera.

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Une carte mère de PC convertie en carte Jamma, elle accueillera un émulateur et des milliers de jeux

Tout ce petit monde a commencé à avoir une influence pas toujours très bien vue auprès des constructeurs. C’est ainsi que SNK, par exemple, a été obligé de crypter les cartouches de son système MVS pour éviter que leur programme en soit extrait par les « dumpeurs ». De plus, leur système étant ancien et connu, il était assez facile de l’émuler. Ce phénomène a même été jusqu'à influencer le prix des jeux, un jeu émulé voyait sa cote tomber tandis qu’un jeu non encore émulé atteignait des sommes faramineuses.

Pourtant, c’est un travail de fourmi, certains émulateurs comme MAME acronyme de « Multiple Arcade Emulator » tentent d’être universels et de lister le plus de machines d’Arcade possible. Elles peuvent être classées par jeux, par année, par genre mais surtout par microprocesseur, nombre de couleurs affichables, ou même par la puce sonore. Certains développeurs d’émulateur sont juste spécialisés dans une seule puce, mais cela suffit à grossir la liste déjà bien remplie des milliers de passionnés ayant contribué à ce projet. Tous, essayent de trouver le jeu qui n’est pas encore émulé, cela va jusqu'à tenter d’émuler la copie d’un jeu ou une version avec des différences mineures. Mais si dans votre jeunesse vous avez joué à une version russe de Street Fighter II, ou a un autre jeu dont vous ne vous souvenez plus du titre, soyez en sûr vous les retrouverez un jour en émulation.

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^Un meuble d’arcade restauré en émulateurC’est un PC a l’intérieur, avis aux bricolos !^

Aujourd’hui, l’émulation est devenue tellement populaire que les constructeurs même s’en servent pour réutiliser leur anciens titres. Des exemples simples comme la « Console Virtuelle » de la Wii, le Xbox Live Arcade de la Xbox 360. Mais souvent, certains titres ne tiennent pas la comparaison face aux originaux. Car quelle que soit la qualité de l’émulation rien de vaudra l’original. Toutefois rien ne nous dit que dans 20ans nous pourrons encore jouer à nos jeux favoris sur leur support d’origine, là est toute la raison de l’émulation.

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